08/03/2010

Cages d'escaliers, les espaces épargnés.


































Depuis ce matin la ville transpire sous 30 degrés qui déboussolent début mars, et la sensation inattendue sur la peau du contraste entre la rue et la fraicheur de la cage d’escalier me ramène soudainement cinq ans en arrière, début septembre, Passage Brady.

À la hâte au-dessus de l’évier, manger une des dernières pêche encore juteuse dans la chaleur accablante de la fin de l'été qui paraît recommencer. Les cages d’escalier sont les seuls endroits frais de Paris et je me donne le prétexte d’une course en bas de l’immeuble rien que pour y passer puis j'erre quelques minutes dans une foule revenue, à la peau moins claire.

Et de là, quelques autres courtes notes de carnet liées à la rue du Faubourg Saint Denis.

Un cageot de menthe devant la porte. Le lieu de la parole sur les visages.
Tout le jour, des hommes habitent la rue, debout. A force d'être toujours là, leurs traces seront bientôt visibles dans le sol, créant les stries de leur statique.

Les hommes en vert de la mairie de Paris sont venus installer deux grands sapins sous la Porte Saint Denis, puis il les ont décorés avec des boules et des guirlandes rouges et jaunes. Sous l'arche, immobiles sur les échelles, têtes dans entre les branches, on aurait dit une photo de Jeff Wall.

Sous l'encadrement de la Porte, les pigeons sont les proies faciles des enfants et des hommes soûls utilisant des cannettes de bière pour projectile. Parfois se réunissent là des minorités : quarante personnes en colère, manifestants immobiles. Et pendant quelques heures ils occupent la place, ils crient dans le mégaphone et tiennent des banderoles aux messages dissimulés dans une langue inconnue.



1 commentaire:

arnaud a dit…

et près de la porte saint-denis, décollées par la chaleur, et les affiches aux murs, avec des messages en turc dont la forme des lettres et les couleurs vives disent sans qu'on puisse reconnaître un seul mot, la colère.

Ici, début mars affiche deux degrés - et la neige tombe encore. J'imagine que sous la Porte, ils sont moins nombreux à chasser les pigeons, et on presse le pas en remontant vers Rue Paradis pour chasser le froid.