C’est le milieu de la nuit dans la vieille ville de Jaffa,
la partie arabe de Tel Aviv.
A l’intérieur du club, le DJ rythme la nuit.
Sur la terrasse, nous trinquons avec une centaine d’autres,
nous grignotons des crevettes en brochettes
en dégustant la vue nocturne sur le littoral.
Entre deux gorgées de cava, je lui demande
pourquoi sa copine n’est pas là.
Il me dit que c’est fini.
Après trois ans à résister contre la famille, ca y est c’est fini.
Elle est juive. Il est arabe, palestinien, chrétien.
Il me dit j’aurais pu être chrétien américain, français, de n’importe où,
tout aurait été différent,
ce n’est même pas une histoire de religion,
simplement je suis palestinien, je suis l’ennemi.
Ironie du sort il habite maintenant dans un ‘ settlement juif ‘
avec sa mère à Jérusalem :
une occasion, c'était pas cher, on n'avait pas vraiment le choix.
Ils ne mettent pas leur nom sur la boite aux lettres.
Ils vivent là, à deux minutes de leur ancienne maison,
invisible maintenant derrière le mur.
Il m’a montré, quand nous allés ensemble à Ramallah :
là, il y avait un carrefour, et ma maison était au coin.
Il fallait qu’on sorte de là, c’était un bocal, on ne pouvait pas rester.
Il est presque résigné. Il me dit j’essaye de rencontrer d’autres filles,
mais qu’elle est la chance ?
Mon hébreu est parfait, personne ne peut savoir
que je ne suis pas israélien
mais cela ne change pas mon nom.
Dès qu’elle entendront, elles sauront que c’est impossible.
Et en Israël, il y a 1, 6 % d’arabes chrétiens.
Combien sur ce nombre sont des filles de mon âge
que je suis susceptible de rencontrer et d’aimer ?
Je n’ai malheureusement pas grand chose à répondre à ça.
Un autre ami nous rejoint, la conversation s’arrête :
ce scénario était le sien trois ans plus tôt, ça l’a rendu amère.
Il ne vaut mieux pas raviver les cendres.
Nous écrasons les cigarettes et vidons nos verres
pour rejoindre la piste de danse.
Au delà de Gaza et des flottilles aux récits noyés
dans des interprétations aussi nombreuses que diverses,
il y a d’autres vies tuées dans l’oeuf
dont les témoignages ne font pas les gros titres.
2 commentaires:
C'est tres bien dit. Ca sonne juste
C'est les histoires particulieres qui font Israel. Pas les titres des journaux.
Merci de ce commentaire me permet de découvrir ton blog !
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